Le Mali, un pays en développement, fait face à une croissance démographique s’intensifiant au fil des ans. Pendant ce temps, les politiques sectorielle misent en œuvre par les pouvoirs publics ne parviennent pas à maîtriser ce phénomène d’excroissance qui plombe le fonctionnement de plusieurs domaines de la vie publique.
Parmi ceux-ci, on observe une insuffisance et une décrépitude des infrastructures de transports routiers, qui manquent en quantité et en qualité pour absorber cette forte demande.
Le Mali souffre d’une insuffisance et d’une décrépitude des infrastructures de transports routiers qui manquent en quantité et en qualité pour absorber une demande en constante progression. À cela s’ajoute la dégradation rapide de nos routes, qui est aussi la conséquence d’une surutilisation dopée par un haut taux de trafic routier. Cela d’autant plus que les autres alternatives en la matière sont soit inexistantes ou insuffisantes. Au Mali, les échanges des flux de marchandises et les déplacements des personnes sont presque exclusivement routiers. Ce qui s’accompagne forcément d’une saturation dans ce domaine.
Une situation qui met en relief un besoin criard de mise en œuvre d’une politique ambitieuse de diversification des infrastructures de transports. Dans cet ordre d’idée, le développement du secteur ferroviaire, avec l’émergence des trains express régionaux, devient un impératif dans la réduction du désenclavement intérieur du pays et pour soulager nos routes dans l’acheminement des biens et des personnes. Souvenons-nous que, à l’époque coloniale déjà, le chemin de fer Dakar-Bamako (chemin de fer Dakar-Niger reliant Dakar, au Sénégal, à Koulikoro, au Mali. Elle dessert de nombreuses villes du Sénégal et du Mali sur un parcours de 1 287 km dont 641 km dans notre pays) était secondé par un autre réseau ferroviaire qui desservait le pays profond.
En effet, au cours de cette période, une station ferroviaire (une gare) fut même construite à proximité de la ligne de chemin de fer Bamako-Koulikoro-Ségou-Kita pour faciliter le transport des marchandises et des voyageurs. Cette gare servait de point de transit pour les habitants de Cinzana et des villages environnants. D’où cette célèbre toponymie : « Cinzana gare » qui est restée collée pour l’éternité à cet endroit. La population et les commerçants s’y sont progressivement installés, créant un nouveau centre d’habitation à l’origine de l’émergence de cette contrée.
Cette expérience de trains interurbains a fait long feu. C’est ainsi que les structures métalliques des rails furent toutes démantelées pour servir de matières premières à un certain nombre de ferrailleurs dans les zones traversées. Outre ce réseau secondaire, le train Bamako-Dakar qui symbolisait la vitalité des échanges commerciaux du Mali avec l’extérieur (depuis bien avant les indépendances) est actuellement à l’agonie.
Pourtant, cette entreprise des chemins de fer a connu un certain nombre de restructurations. Mais, à chaque fois, son élan est brisé par une mauvaise gestion. En effet, comme presque toutes les entreprises publiques au Mali, elle aussi n’échappe pas à un certain laxisme dans sa gestion quotidienne. Suite au dernier déraillement d’un train voyageur dans la région de Kayes, le ministre des Transports et des Infrastructures avait promis de nouveaux wagons et même la pose de nouveaux rails grâce à la coopération avec la Russie. Une promesse qui attend toujours d’être tenue.
Sinon, même si comparaison n’est pas raison, nous voyons bien que les entreprises privées de transport (bus) tiennent le coup grâce à une gestion rigoureuse. Il est donc d’une impérieuse nécessité que l’État donne un autre souffle à ce géant du transport ferroviaire. Cela doit se traduire par un investissement conséquent avec une gestion déléguée à une personnalité privée ayant les compétences requises et jouissant d’une totale liberté dans le recrutement des travailleurs. Elle (personnalité) doit avoir les coudées franches pour sévir afin d’imposer rigueur et performance à l’ensemble du personnel.
Et dans la même veine, il faut redonner vie à de nouvelles lignes et, pourquoi pas, ressusciter cette fameuse gare de Cinzana ? Si cette initiative se concrétisait, elle serait aussi un passage important du développement durable qui avait fait ses preuves à une époque lointaine, au temps de la colonisation française et des premières années de notre indépendance. Notre génération doit s’inspirer de cette expérience comme l’une des perspectives de la vitalité économique Mali Koura.
Thierno Barro
Source : Le Matin
