Le feuilleton judiciaire autour de l’activiste malien Cheickna Niamaga, plus connu sous le nom de Chico, continue de s’épaissir. Déjà visé par une procédure au Sénégal pour injures publiques et diffamation après la plainte de l’artiste Sidiki Diabaté, l’homme fait désormais face à une nouvelle attaque frontale : le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) a officiellement déposé, à Dakar, une plainte supplémentaire contre lui. Une démarche qui montre à quel point les propos de l’activiste ont suscité indignation et fermeté au sein de l’institution religieuse malienne.
Une délégation du HCIM en mission à Dakar
Bamada.net-Selon les informations exclusives recueillies par Bamada.net, une délégation conduite par le président du HCIM, Chérif Ousmane Madani Haïdara, séjourne actuellement à Dakar. Son objectif : soutenir personnellement la procédure engagée contre Chico, rencontrer les avocats chargés du dossier et réaffirmer la détermination du HCIM à obtenir justice.
Des membres influents de l’institution, également présents au Sénégal, ont confirmé avoir « porté plainte en leur nom propre et au nom du HCIM », marquant une position unitaire et ferme face à ce qu’ils qualifient d’attaques graves contre la dignité de la communauté musulmane du Mali.
Une nouvelle plainte, signe d’un dossier qui s’alourdit
Cette démarche s’ajoute donc à l’affaire initiale déclenchée par l’artiste Sidiki Diabaté, qui avait saisi la justice sénégalaise après des propos jugés offensants et diffamatoires tenus par l’activiste sur les réseaux sociaux.
Arrêté à Dakar, Chico est actuellement sous mandat de dépôt dans le cadre de cette première procédure.
Mais l’entrée en scène du HCIM change profondément la dimension du dossier. En effet, l’organisation religieuse la plus influente du Mali dispose d’un poids moral, social et institutionnel considérable. Son implication ouvre la voie à une affaire plus vaste, susceptible d’avoir des répercussions non seulement judiciaires, mais également diplomatiques, entre deux pays historiquement liés.
Un cabinet d’avocats mobilisé : le contenu de la correspondance
Selon un document consulté par Bamada.net, le HCIM a mandaté le cabinet d’avocats Sow-Seck-Diagne & Associés, basé à Dakar, pour assurer sa représentation dans cette nouvelle affaire.
Dans une correspondance officielle adressée au représentant du HCIM, le cabinet confirme sa prise en charge du dossier et précise que Chico a déjà été arrêté et se trouve entre les mains de la justice sénégalaise.
Le cabinet conclut sa lettre par une formule qui en dit long : « Le droit sera dit. »
Cette note, sobre mais ferme, traduit la confiance des avocats dans l’issue de la procédure, mais également leur volonté de mener le dossier sans complaisance.
Les tensions autour de la liberté d’expression
Cette affaire soulève de nombreuses interrogations au Mali comme au Sénégal. Pour certains, les propos incriminés relèvent de la liberté d’expression, même si celle-ci est parfois maladroitement exercée. Pour d’autres, les attaques répétées de l’activiste dépassent largement ce cadre et appellent une réponse judiciaire exemplaire.
Le HCIM, en particulier, estime que Chico a franchi une ligne rouge en s’attaquant à des personnalités religieuses respectées ainsi qu’à des symboles de la foi musulmane au Mali. L’institution considère que ces dérives portent atteinte à la cohésion sociale et au vivre-ensemble, dans un contexte national déjà fragile.
Un activiste déjà connu pour ses sorties explosives
Cheickna Niamaga, dit Chico, n’en est pas à sa première polémique. Très actif sur les réseaux sociaux, il est coutumier des déclarations incendiaires visant artistes, leaders religieux, hommes politiques ou institutions publiques.
Son style direct, parfois violent, lui a valu une importante visibilité, mais également de nombreuses inimitiés.
Avec cette nouvelle plainte, la spirale judiciaire dans laquelle il s’est engagé semblerait désormais hors de contrôle.
Quelle suite pour l’affaire ?
Les deux procédures engagées au Sénégal devraient être instruites simultanément, ou du moins en parallèle. Selon les experts juridiques contactés par Bamada.net, il est possible que les deux dossiers fusionnent partiellement, mais tout dépendra de la stratégie des différents avocats et des décisions du parquet sénégalais.
Du côté du HCIM, les responsables assurent vouloir laisser la justice suivre son cours, mais ils promettent également de se constituer partie civile jusqu’au bout.
Un signal lancé à tous les activistes ?
Au-delà de la personne de Chico, cette affaire pourrait constituer un signal fort envoyé aux activistes maliens de la diaspora, particulièrement ceux très présents sur les réseaux sociaux.
Elle marque peut-être un tournant : celui d’une tolérance zéro envers les propos jugés insultants, blasphématoires ou diffamatoires, même lorsque ceux-ci sont prononcés hors du territoire national.
Un dossier explosif que Bamada.net continuera de suivre
L’implication du HCIM dans cette affaire donne désormais à ce dossier une dimension religieuse, sociale et diplomatique.
Entre procédures judiciaires, bataille de communication et enjeux d’image, le chemin s’annonce long avant un dénouement.
BEH Coulibaly
Source: Bamada
