Un An du général Abdoulaye Maiga à la primature : Entre volontarisme affiché : et résultats insuffisants

Nommé le 21 novembre 2024 à la tête du gouvernement du Mali, le Général Abdoulaye Maiga, souvent présenté comme un rassembleur, affiche un bilan marqué à la fois par des crises, des succès, des ruptures politiques et de nombreuses incertitudes.

Un an après sa nomination à la Primature, le Général de division Abdoulaye Maïga présente un tableau qui, malgré quelques initiatives notables, reste dominé par les crises et les controverses. Succédant à Choguel K. Maïga, il devait incarner la continuité et la stabilité. Douze mois plus tard, le constat apparaît mitigé, parfois même inquiétant pour l’avenir du pays. Toutefois, certaines performances sont à relever.

Sécurité : des efforts considérables

Le gouvernement a maintenu un accent fort sur la sécurité. Les Forces armées maliennes ont multiplié les opérations offensives contre les groupes armés, avec une communication plus ferme. Les FAMa ont enregistré plusieurs succès sur différents théâtres d’opérations : des centaines de terroristes ont été neutralisés et l’armée a été dotée de matériels de guerre plus performants.

Cependant, dans plusieurs régions, les résultats restent fragiles et inégaux. Les attaques ciblées persistent, les axes routiers demeurent vulnérables, et certaines zones restent toujours hors de contrôle. Malgré les efforts, l’insécurité continue de dicter le rythme politique, avec un impact direct sur l’économie et l’approvisionnement du pays.

Crise énergétique : un gouvernement en réaction, mais

L’un des échecs les plus marquants de cette première année est sans doute la crise énergétique, devenue un véritable calvaire national.

Les difficultés d’approvisionnement en carburant occasionnées par des groupes armés sur les axes venant d’Abidjan et de Dakar ont provoqué une pénurie sévère de carburant.

Face à la crise, le Premier ministre Maïga, n’est pas resté les bras croisés. Il a mis en place un comité d’urgence et déployé des escortes militaires pour sécuriser les convois. Une mesure saluée par certains, mais jugée tardive par d’autres, puisque les signaux d’alerte existaient depuis longtemps.

L’abandon de la route Kayes–Bamako, dégradée et dangereuse, illustre encore une fois le manque d’anticipation dans l’entretien d’infrastructures stratégiques.

Electricité : une situation toujours critique

Après une brève amélioration de 12 à 19 heures, le pays ne bénéficie aujourd’hui que de six heures à moins de six heures de courant par jour, selon les localités. Cette situation a plongé les ménages, les entreprises et les hôpitaux dans un quotidien insoutenable. Pour certains analystes, cette crise constitue un revers majeur pour le gouvernement Maïga.

Vie politique : une année de durcissement sans précédent

La gouvernance politique a été marquée par des décisions radicales, parfois perçues comme une dérive autoritaire. Parmi les mesures les plus controversées figurent la dissolution de tous les partis politiques et associations à caractère politique, une décision qui a vidé l’espace démocratique et suscité de fortes critiques au Mali comme à l’international ; l’arrestation de deux anciens Premiers ministres, Moussa Mara et Choguel Kokalla Maïga. Ce dernier, pourtant considéré comme un acteur clé des réformes de la transition, a été placé sous mandat de dépôt pour « détournement » et incarcéré à la prison de Koulikoro.

Ces arrestations ont alimenté, du côté des partisans de Choguel, l’idée d’un « règlement de compte politique » et renforcé la perception d’un pouvoir tolérant de moins en moins la contradiction.

Réconciliation nationale : un chantier en panne

Malgré les discours et les initiatives du ministère chargé du dossier, aucune avancée majeure n’est visible. Même si parfois, le dialogue social a permis de désamorcer certaines crises, le malaise reste profond.

Comme l’a souligné un leader politique : « On ne peut pas prétendre unir les Maliens tout en persistant dans une politique d’exclusion ». L’impasse actuelle illustre clairement les limites du processus.

Réformes institutionnelles : des changements profonds mais controversés

Au cours de sa première année, le Premier ministre a entériné une décision importante : l’introduction d’un mandat de 5 ans renouvelable une fois.

Pour ses partisans, cela garantit la stabilité. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une manœuvre destinée à prolonger la transition et à concentrer davantage le pouvoir, dans un contexte où l’opposition officielle n’existe plus.

Malgré quelques initiatives dans l’agriculture et les infrastructures, le gouvernement n’a pas réussi à enrayer la dégradation du pouvoir d’achat.

La crise énergétique, les ruptures d’approvisionnement, la hausse des prix et les tensions sectorielles ont accentué le mécontentement des maliens.

Une Diplomatie avec une posture souverainiste, mais parfois isolante

La diplomatie malienne a poursuivi son durcissement, misant sur une approche souverainiste assumée.

Si cette stratégie a renforcé certains partenariats stratégiques, elle a fragilisé plusieurs relations régionales et internationales, notamment avec certains pays occidentaux. Cette situation pourrait peser sur l’économie et sur l’approvisionnement du pays à moyen terme.

Il faut tout simplement noter que l’an 1 du Général Maiga est placé sous le signe des urgences.  Le premier anniversaire du Général Abdoulaye Maiga à la Primature laisse une impression contrastée : une volonté d’agir, mais souvent sous la contrainte des crises, une gouvernance énergique inquiétante, des opérations sécuritaires accrues, mais une insécurité persistante, des réformes profondes, mais sources d’inquiétudes pour l’avenir démocratique, une crise énergétique qui domine l’actualité et met à l’épreuve la patience de la population.

Cette année a été davantage marquée par la gestion des urgences que par de véritables avancées structurelles.

B.S.

Source : Arc en Ciel

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